L’ESA met au point un outil d’analyse du cycle de vie de la vigne

21 novembre 2022

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Les producteurs de vin nature et biologique ne sont pas les seuls à souhaiter réduire l’impact environnemental de leurs activités. D’autant que les vignerons sont de plus en plus sensibles à ces enjeux, et doivent répondre aux attentes réglementaires et sociétales toujours plus fortes. Ces acteurs gagneraient ainsi à estimer plus précisément les répercussions de chaque étape de leur travail pour identifier les leviers d’amélioration. Or, la collecte des données peut s’avérer longue et fastidieuse, tout comme l’analyse complexe de cette masse d’informations.

L’enseignante-chercheuse en viticulture au sein de l’École supérieure des agricultures (ESA), Christel Renaud-Gentié, a ainsi mis au point, avec Marguerite Renouf, une scientifique australienne, venue passer un an dans son unité de recherches, un logiciel pour faciliter la collecte et l’examen de ces données. Vit’LCA est un outil d’analyse du cycle de vie (ACV) qui mesure l’impact environnemental global d’une activité viticole. « Les effets de cette activité ne se situent pas seulement au niveau de la vigne, mais concernent aussi l’amont, par exemple la production des matières premières ou l’utilisation des machines. Parfois, il y a un impact à l’autre bout du monde », explique Christel Renaud-Gentié, membre du Groupe de Recherche en Agroalimentaire sur les Produits et les Procédés, le GRAPPE, fondé par l’ESA et associé à l’INRAE.

 

L’outil se distingue, entre autres, par la précision de ses analyses. Grâce à son approche en cycle de vie comme le Bilan carbone, mais plus complète, car multicritère, Vit’LCA peut agréger l’ensemble des sources d’une même émission et en calculer les impacts. « Nous pouvons étudier les conséquences de l’utilisation des chevaux, des tracteurs ou des robots électriques dans les vignes. Et comparer les différents usages », ajoute Christel Renaud-Gentié. Cette approche multicritère s’applique à chaque étape de la chaîne de production du raisin, afin d’apprécier toutes les retombées environnementales de l’activité, comme la contribution au réchauffement climatique, la consommation d’eau, de ressources minérales, l’eutrophisation des eaux, l’acidification des sols ou des océans ou, encore, la toxicité humaine. Vit’LCA peut ainsi fournir un diagnostic fidèle de l’impact environnemental de chaque itinéraire technique viticole sur une période donnée (année de production, phase de plantation, jeune vigne…). « Notre logiciel a pu faire apparaître le poids environnemental important des structures de palissage, qui peut aller jusqu’à représenter plus de la moitié de l’impact pour certaines catégories. »

 

L’objectif de la plateforme est, in fine, de faire émerger les bonnes pratiques du métier, et de les diffuser auprès des viticulteurs. « Le logiciel permet de modéliser tous les flux d’une production viticole, et de tester plusieurs scénarios possibles vers lesquels le viticulteur peut évoluer. » Ce dernier peut ainsi choisir le meilleur « itinéraire technique » pour ne pas détruire son écosystème. L’équipe qui développe Vit’LCA plaide d’ailleurs pour l’organisation d’ateliers participatifs avec les viticulteurs. Il s’agit d’un « serious game », Vitigame, utilisant le calculateur Vit’LCA, qui accompagne les professionnels dans la réflexion et l’adoption de meilleures pratiques.

 

Aujourd’hui, Christel Renaud-Gentié souhaite diffuser plus largement Vit’LCA auprès des professionnels de la vigne, notamment les chambres d’agriculture, interprofessions vinicoles, caves coopératives, négoces ou, encore, les conseillers privés, mais aussi les acteurs de la formation. Objectif : contribuer à faire évoluer les pratiques à l’échelle du secteur.

Un outil qui pourrait rapidement être adopté par d’autres filières agricoles. L’équipe GRAPPE démarre actuellement avec l’INRAE et différents partenaires, un nouveau projet de recherche, Vitarbae, autour de l’accompagnement des agriculteurs et des apprenants vers des pratiques plus respectueuses de l’environnement, incluant une adaptation de Vit’LCA et Vitigame à la filière arboricole.