Des plantes pour dépolluer les sols

21 novembre 2022

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Le pôle éducatif Simone-Veil, situé dans le nouvel écoquartier de La Courrouze, à Rennes, n’a ouvert qu’en 2021. Et encore, à 200 m du site initialement prévu pour son implantation. Le chantier avait pourtant été lancé au début des années 2010. La raison de ce retard ? La découverte de sols très pollués, contenant du plomb et du cuivre. Après des recherches, les gestionnaires identifient l’Arsenal de Rennes, en activité jusqu’aux années 1960, comme étant à l’origine de ces pollutions. À l’époque, les munitions étaient lavées avec du chlore, qui était ensuite déversé dans les égouts. Faute d’isolation des canalisations, le chlore a lentement contaminé les sols. En prime, des traces de plombs ont été découvertes.

Le déplacement du chantier a laissé des terrains en friche, qu’il fallait dépolluer. Territoire & Développement, l’agence d’urbanisme chargée des travaux, s’est rapprochée de Folk Paysages pour aménager ces espaces. Souhaitant employer des méthodes de dépollution douces, les deux acteurs ont alors l’idée de faire appel à un laboratoire de l’Université de Rennes 1. L’équipe Nanoscale, du laboratoire Géosciences, est spécialiste de l’analyse des contaminants dans les environnements de surface. Ces polluants peuvent être présents sous différentes formes dans l’écosystème : ions, molécules, clusters ou nanoparticules, et présents de manière naturelle ou rattachée aux activités anthropiques. « La phase nanoparticulaire est spécifiquement étudiée. Les nanoparticules peuvent modifier le comportement d’autres contaminants, et jouer un rôle de vecteur (cheval de Troie) augmentant la mobilité et la biodisponibilité des polluants associés », explique Mathieu Pédrot, biogéochimiste à Géosciences (Université Rennes1/CNRS).

 

Une collaboration de deux ans est lancée avec Folk Paysages et Territoire & Développement, afin de mieux connaître la contamination métallique d’une zone à aménager sur le site de La Courrouze. « Nous avons étudié les plantes présentes pour déterminer si certaines peuvent absorber et stocker des métaux. Certaines sont de grandes accumulatrices, comme les tournesols », précise le chercheur. L’objectif était de définir, à la suite de ce travail, la meilleure façon de décontaminer les sols, en utilisant par exemple des plantes hyperaccumulatrices. Ce projet a permis de mieux cerner le comportement des contaminants, et notamment le risque de transfert et leur biodisponibilité. Si les travaux sont actuellement en pause, les recherches se poursuivent, grâce à la thèse de Nolenn Kermeur, doctorante qui avait participé à ce projet.

 

Cette collaboration, largement médiatisée, a permis de mieux faire connaître le domaine de la phytoremédiation. « Habituellement, les travaux de décontamination consistent à analyser la concentration des polluants. Nous ne nous intéressons pas seulement à la concentration des contaminants, mais aussi à leur spéciation physique et chimique [les différentes formes des éléments], leur comportement, leur mobilité, leur biodisponibilité ou, encore, leur trajectoire dans le temps. L’objectif est de déterminer si la phytoremédiation peut être efficace », souligne Mathieu Pédrot.

 

Une fois les sols mieux connus, le laboratoire peut associer différentes techniques de remédiation. « La phytoremédiation est un procédé très lent. Pour l’accélérer, nous pouvons, par exemple, ajouter une phase colloïdale riche en fer. Nos récentes études démontrent que cette phase peut améliorer les propriétés physiques et chimiques du sol, stabiliser les contaminants et stimuler la phytoextraction. En se transformant dans le sol, elle peut aussi apporter des micronutriments favorisant le développement des plantes », décrit Mathieu Pédrot.

 

Les chercheurs de l’équipe Nanoscale pourraient être un acteur clé dans la lutte contre certains nouveaux contaminants. « C’est le cas par exemple des terres rares, utilisées de plus en plus par l’industrie dans l’élaboration de nombreux objets électroniques ou dans le domaine médical (e.g. agents de contraste), ou des nanoparticules de titane, que l’on retrouve aussi bien dans les dentifrices, les bonbons ou au sein de vitres autonettoyantes », rappelle Mathieu Pédrot.

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