Des parasitoïdes pour protéger les cultures

2 février 2022

  • Bretagne
  • Unité de Recherche

Les produits phytosanitaires d’origine chimique sont de plus en plus décriés dans le domaine de l’agriculture. Leur utilisation est mieux encadrée et les acteurs de l’agriculture seront progressivement incités à adopter de nouvelles méthodes de protection des cultures. Les recherches menées au sein du laboratoire Ecobio (Université de Rennes 1/CNRS) joueront probablement un grand rôle dans la mise au point de ces nouvelles méthodes.

Le laboratoire spécialisé dans l’écologie et la biodiversité emploie des technologies de pointe, comme la génomique ou la microbiologie pour mieux connaître la biodiversité et étudier son fonctionnement au sein des écosystèmes. L’enseignante-chercheuse Joan van Baaren, directrice de l’UMR et chargée des thèmes regroupés sous le nom « Paysabio », s’est notamment penchée sur l’utilisation des insectes pour préserver la biodiversité et protéger certaines cultures. Cette spécialiste d’écologie a étudié, entre autres, le rôle des parasitoïdes dans l’élimination des insectes ravageurs des cultures, comme les pucerons. « Les parasitoïdes appartiennent à la même famille que les guêpes et les abeilles. Ce sont les ennemis naturels des ravageurs des cultures, comme les pucerons, car ils les tuent », explique la chercheuse.

Joan van Baaren a également étudié l’impact du réchauffement climatique sur l’évolution de la population des parasitoïdes. Ces recherches ont mis en évidence le rôle contrasté du réchauffement climatique sur la protection des cultures. « Nous avons examiné la modification des stratégies de ces espèces pendant la saison hivernale. Le réchauffement des hivers réduit ou annule la période de diapause, ce qui permet de tuer les premiers pucerons dès leur apparition. En revanche, le réchauffement commence aussi à réveiller les  »hyperparasitoïdes  » qui s’attaquent aux parasitoïdes, donc protègent les pucerons », ajoute Joan Van Baaren.

Une collaboration avec Yves Rocher

Ces recherches ont suscité l’intérêt de l’entreprise Yves Rocher, qui cultive des fleurs sur son site de La Gacilly, dans le Morbihan. Le groupe a ainsi fait appel à la chercheuse pour tester différents types de bandes fleuries installées à proximité des cultures et évaluer leur impact sur les communautés de pollinisateurs et de parasitoïdes. Objectif : protéger biologiquement les cultures. « Yves Rocher souhaitait, au départ, ajouter des abeilles domestiques pour augmenter la biodiversité autour des champs de l’entreprise. Le travail de la doctorante a permis d’identifier que l’introduction d’un grand nombre d’abeilles domestiques risquait de créer une compétition avec les abeilles sauvages et même les syrphes », souligne la chercheuse. C’est la thèse Cifre financée par l’entreprise sur ce sujet qui a valu à la chercheuse de recevoir le Prix Intelligence Environnementale, à l’occasion des Trophées de la Valorisation du Campus de Rennes, organisés par la Satt Ouest Valorisation et le regroupement UniR.

La collaboration a, depuis, été poursuivie, avec la demande de financement d’une nouvelle thèse Cifre. Son thème : l’utilisation des micro-organismes sur les racines des plantes et leur impact, à travers la plante, sur les pollinisateurs. Cette collaboration est venue étoffer un peu plus le nombre de partenaires du laboratoire. D’autres chercheurs d’Ecobio travaillent actuellement avec le domaine viticole Château Palmer sur l’impact de la biodynamie sur les sols. « Ils ont fait appel à nous pour étudier le rôle de la biodynamie sur le microbiote », précise la chercheuse. Le laboratoire collabore également avec l’entreprise d’analyse médicale de cellules Cellenion, pour mettre au point une technique révolutionnaire de « Single cell ». Elle permet d’analyser une cellule unique, avec qui le laboratoire Ecobio est associé au sein d’un LabCom créé l’année dernière.

Aujourd’hui, le laboratoire est prêt à collaborer avec de nouvelles entreprises. L’outil Plug in labs Ouest représente, pour lui, un excellent moyen d’entrer en contact avec ces acteurs. « Les entreprises ne doivent pas hésiter à nous contacter pour exprimer leurs besoins », annonce Joan van Baaren.